AVRIL 1593.                                3j7
dans un tems où Sa Majesté Catholique aquitté ses pro­pres affaires, à son grand préjudice et desavantage, laissant toujours pardevers vous des serviteurs de me­rite , pour vous assister de leurs avis au milieu de vos difficultés; et entretenant des gens de guerre dont la solde excede ja six millions d'or, sans que le roy Phi­lippe s'en soit prévalu d'aucun profit. Non content de cela, il a travaillé pour la convocation et assemblée de ces célèbres Etats; et pour ce, il a sollicité nos saints peres les papes d'épouser votre cause, offices et se­cours, que nul royaume de la terre n'a jamais expé­rimentés dans de semblables nécessités. Et pour y por­ter un prompt remede, il m'a envoyé à vous pour vous faire entendre de sa part que votre conservation consiste à élire un roy zelé pour la religion, et puis­sant pour vous défendre et garentir de vos ennemis : vous promettant son ancienne amitié, et de vous con­tinuer le méme secours, voire plus grand s'il est be­soin, etc.
Après cette harangue, il a présenté au cardinal de Pelevé, président de l'assemblée, la lettre suivante, qui a été luë publiquement par M. de Piles, abbé d'Orbe, secretaire des Etats.
Lettre du roy d'Espagne.
« Dom Philippe, avec la grace de Dieu roy d'Es­pagne, des deux Siciles, de Hierusalem, etc.
« Nos révérends, illustres, magnifiques et bien ai­més, je désire tant le bien de la chrétienté, et en parti­culier de ce royaume, que voyant de quelle importance est la resolution qu'on traite pour le bon établissement des affaires d'iceluy, jacoit qu'un chacun scache ce qui
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